Saïed prône ''une nouvelle institution financière mondiale''
Le président de la République, Kaïs Saïed, a plaidé en faveur de la mise en place d'une "nouvelle institution financière mondiale" dont les sources de financement sont doublement alimentées par "les prêts après leur suppression et les fonds spoliés après leur récupération", soulignant que le devoir impose aux Nations Unies de ne plus tarder à mettre sur pied cette institution.
Initialement prônée par la cheffe du gouvernement Italien Meloni, cette institution aura le mérite de favoriser l'instauration d'"un nouveau système humaniste capable de souffler un brin d'espoir et rendre ainsi la prospérité accessible à Tous et pour Tous", a encore expliqué le chef de l'Etat lors d'une allocution prononcée, ce dimanche, à Rome, dans le cadre de sa participation à la Conférence internationale sur le développement et la migration.
Le président de la République a rappelé, à cette occasion, la belle histoire de la Tunisie avec l'abolition de l'esclavage.
"Nous avons aboli l'esclavage depuis 1874 et nous ne comptons plus renouer avec cette maudite et exécrable tradition à travers la migration irrégulière", a assuré le chef de l'Etat.
"Que l'on soit clair, la Tunisie n'acceptera plus jamais un quelconque projet d'implantation des migrants irréguliers, tout comme elle refuse catégoriquement que l'on se serve d'elle d'un point de transit ou d'un endroit pour loger et installer les hors-la-loi", a martelé le chef de l'Etat.
Rappelant l'élan de solidarité affiché par le peuple tunisien lors de la crise des migrants irréguliers subsahariens, le président Saïed a affirmé que la Tunisie a donné des leçons de morale aux autres en faisant prévaloir les valeurs humaines sur toute autre considération.
"C'était un fort message et un démenti percutant aux allégations et aux fausses prétentions relayées par les milieux liés aux réseaux de la migration clandestine, du déplacement forcé des populations et de la traite des êtres humains", a encore fait savoir le président Saïed, ajoutant que ce trafic international fait désormais figure "d'un commerce bon marché" qui procure des revenus illicites estimés annuellement à 150 milliards de dollars et menaçant 25 millions de personnes à travers le monde.
Pour le président de la République, seule une gestion concertée à l'échelle internationale de la migration irrégulière est en mesure de pouvoir changer la donne.
"Ni les plates mesures cavalières, ni les arrangements bilatéraux ne peuvent enrayer la montée en puissance de ce phénomène", a soutenu le chef de l'Etat, appelant en contrepartie la communauté internationale tout entière à rechercher des solutions efficaces à la crise migratoire sur fond d'une étude objective des causes et vraies raisons sous-tendant la migration irrégulière.
En présence des hauts responsables européens, le président Saïed a évoqué les images choquantes de naufrage des embarcations au large des côtes, des opérations de recherche en cours à la traque de corps de migrants portés disparus ou des tentatives de migration clandestine interceptées par les autorités, regrettant de voir ces incidents tragiques devenir de simples faits divers ponctuant en boucle les bulletins d'informations de tous les jours.
Récit émouvant aidant, le président Saïed a évoqué "les tragiques et moroses scènes où des embarcations jonchent et parsèment les plages, où l'odeur nauséabonde de la mort rôde, se répand ici et là pour déranger les consciences pour nous rappeler que la migration est devenue un saut vers l'inconnu pour échapper au joug du désespoir et de l'injustice".
Et de préciser encore que l'actuelle crise est le corollaire logique des flux migratoires qui l'ont précédée sous l'occupation et le colonialisme, fustigeant l'acharnement des pays développés à vendre les armes aux pays africains pour exacerber les tensions et nourrir les conflits.
Il aurait été plus judicieux, plus opportun de mettre à contribution ses richesses gaspillées et dilapidées dans le trafic d'armes pour conjurer la famine en Afrique, s'est encore indigné le chef de l'Etat, affirmant qu'il ne peut y avoir de sécurité et de stabilité sans passer au crible les vraies raisons inhérentes à l'inégalité et à l'insécurité.
Par ailleurs, le président Saïed a tenu à préciser que cette conférence de haut niveau est la première du genre à se consacrer sérieusement à la question de la migration irrégulière, soulignant que ce phénomène s'est mué au fil des années en une véritable tragédie humaine.
Saïed a saisi l'occasion pour complimenter la présidente du Conseil italien pour avoir répondu si vite à l'initiative tunisienne tendant à identifier des solutions à la question migratoire.
(TAP)